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 Témoignage de la manifestation du 28 mars à Paris

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Mayrik
Bavard
Mayrik


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MessageSujet: Témoignage de la manifestation du 28 mars à Paris   Témoignage de la manifestation du 28 mars à Paris EmptyVen 31 Mar à 19:33

Vers 13h30, la place d’Italie est totalement occupée, ainsi qu’une partie du boulevard de l’Hôpital. A 14h, je commence à me diriger vers le pont d’Austerlitz. En y allant, je croise un flot ininterrompu de manifestants rejoignant le cortège. J’ai le sentiment que nous allons vivre une grande journée. Arrivé au pont d’Austerlitz, je me retourne. Je suis stupéfait. Le boulevard est complètement occupé par des dizaines de milliers de manifestants… et ils continuent d’arriver, de tous âges, de tout horizons. En attendant que le cortège se mette en route, je vois quelques policiers en civils, ou peut-être des membres du service d’ordre, se dirigeants sur le pont d’Austerlitz en conduisant un jeune qui vient d’être interpellé… âgé d’une quinzaine d’années au maximum. Un enfant en somme. Considérant que le cortège compte de nombreux adultes, je trouve la situation pathétique. Mon estomac se crispe, surtout en considérant les sourires de quelques manifestants qui pensent probablement que justice est faite.

Ces manifestants ont probablement oublié que le principal représentant de notre peuple, le Président de la République, échappe pendant ce temps à la loi, et s’accorde des privilèges que nos glorieux prédécesseurs ont combattus parfois au prix de leur vie. Mon poing se crispe. Dans la "Déclaration des Droits de l’Homme", il est écrit que la loi "doit être la même pour tous". Dans notre Constitution, il est écrit que la France "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens". Les désespérés se font arrêter… la crapule préside.

Le cortège commence à avancer sur le pont d’Austerlitz de façon diffuse. J’emboîte le pas. Je remarque plusieurs groupes de policiers en civil… en même temps qu’une certaine animosité s’éveillant en moi. Alors que nous devrions les huer, les sortir de nos rangs, tout le monde, bon grès mal grès, s’en accommode. Apparemment, les manœuvres d’incitation à la peur ont fait leur effet. Un jeune déambulant en monocycle me permet tout de même de retrouver le sourire. Ayant marché assez vite, j’arrive rapidement sur la place de la Bastille. J’en profite pour faire le tour de la "Colonne de Juillet". Au sommet de celle-ci, j’y vois le "Génie de la Liberté". Sur son socle j’y lis : "À la gloire des citoyens français qui s'armèrent et combattirent pour la défense des libertés publiques dans les mémorables journées des 27, 28, 29 juillet 1830". Du regard, je fais un tour d’horizon des voies publiques que nous n’emprunterons pas depuis cette place. Le boulevard Henri IV, la rue Saint Antoine, le boulevard Richard Lenoir, la rue de M. la Roquette, la rue du Faubourg Saint Antoine, le boulevard Bourbon, sont tous obstrués par les CRS. Nous n’avons pas la Liberté d’emprunter l’itinéraire prévu… nous y sommes contraints… et cela sous le regard du "Génie de la Liberté". Sommes-nous dignes des sacrifices de nos prédécesseurs ? Je me pose la question…

Le cortège commence à arriver de façon disparate depuis la rue de Lyon. Je me décide à rentrer dans "la masse". Pour cela, je me mets sur un bout de trottoir d’une vingtaine de centimètre de large, accoudé à une rambarde en fer forgé. Quelques manifestants passent, puis arrive un cordon, bras dessus bras dessous, qui prend la largeur de la route. Etant sur le bout de trottoir, je ne gêne pas leur passage. Cependant, ce cordon s’arrête à mon niveau, et me somme d’avancer, de passer devant, de dégager le passage. Je ne comprends pas. Je ne gêne personne… je suis sur mon bout de trottoir… et tout le monde peu avancer sur la route. La personne la plus proche de moi m’agrippe alors par le bras pour me forcer à passer devant. Je m’accroche fermement à la rambarde. C’est la première fois depuis le début de la manifestation que je suis confronté à la violence... Devant ma fermeté à ne pas céder à la violence, devant ma volonté de rester un homme libre, ils cèdent, me lâchent, et poursuivent. Juste derrière ce cordon, il me semble reconnaître le secrétaire général d’un syndicat de police… quelque soient ses opinions, je trouve sa présence très déplacée. Je laisse passer plusieurs manifestants, que je ne gêne évidemment pas, puis descend du trottoir et reprend la marche avec la foule. Nous empruntons le boulevard Beaumarchais en direction de la place de la République. J’avance sur le trottoir de gauche parmi de très nombreux manifestants… parmi des personnes qui se considèrent peut-être comme moi, citoyen avant tout. Sur la route, des groupes compacts passent, encadrés par des personnes qui empêchent quiconque de rentrer dans les rangs. Je trouve cette situation déplorable… alors que nous avions l’occasion de défiler unis, en tant que citoyens, sans ségrégation, chaque groupe s’enferme dans son enclos. J’y vois le côté sombre des évènements qui se sont passés aux Invalides… au lieu de s’ouvrir et de communiquer, chaque groupe dresse une barrière de préjugés autour de lui… préjugés dont je prend nettement conscience en apercevant de nombreux regards de méfiance, de défiance, envers plusieurs jeunes qui défilent près de moi sur le trottoir. Ce spectacle, que je ne supporte pas, me pousse à forcer le pas. En avançant, je remarque des gaillards, gants noirs, oursins sous les bras, qui se la jouent gros dur sans se rendre compte de leurs attitudes ridicules et provocatrice.

J’arrive enfin place de la République. De nombreux manifestants sont déjà là. Je me dirige vers le monument, symbole de la République, de la Liberté, de l’Egalité, de la Fraternité. J’en fais le tour en observant les bas-reliefs qui symbolisent les moments de gloire de notre pays. Je m’arrête devant celui des "Trois Glorieuses". Sur la scène représentée, je remarque des pavés sur le sol… nos droits, nous ne les devons pas à des concessions… nous les devons à des luttes qui furent parfois meurtrières. Sur la droite de la scène, j’y vois un personnage qui pourrait représenter Gavroche. Dans le roman de Victor Hugo, il allait aux barricades avec un pistolet sans chien… sur le bas-relief, il porte à la ceinture un sabre brisé… sacré Gavroche.

Je fini de faire le tour du monument, et porte le regard vers le boulevard du Temple, depuis lequel arrive la masse des manifestants qui commencent à occuper la place. Tout à coup, je vois une dizaine de matraques fendrent l’air sur des personnes que je ne distingue pas depuis l’endroit où je suis. L’instant est grave et pourrait aboutir à une lutte entre manifestants... Ce qui détournerait l’objectif de la manifestation. Je me dirige fermement vers cet endroit, en croisant des policiers en civils qui ne réagissent pas. Arrivé sur place, je vois de nombreux membres des services d’ordre qui font face à plusieurs jeunes. Ce service d’ordre, équipé de matraques m’évoque les "chemises noires", milice du fasciste Mussolini. Quelle honte… ces hommes, âgés de trente à quarante ans, défient avec des matraques des jeunes d’une vingtaine d’année, qui eux ne sont pas armés. Il y a face à face. Mon camp est vite choisi… des deux côtés de la matraque, un seul me permet de garder ma dignité. Une jeune fille s’est visiblement reçue un coup… sa pommette rougie en témoigne. Ce service d’ordre me semble être plutôt au service du désordre. Un instant, la situation me semble symbolique. D’un côté, des syndiqués armés, qui ont un travail, font face à des jeunes qui voient leurs Droits chaque jour bafoué davantage. J’aurais aimé que nous soyons plus nombreux à nous interposer. Des doutes m’assaillent. Dois-je continuer à défendre la République, celle qui doit garantir les même Droits à chacun de ses citoyens, ou dois-je participer à la destruction de cette société qui transpire la ségrégation ? Il ne devait y avoir aucune arme dans la manifestation... des fouilles ont été effectuées pour cela. Alors pourquoi ces personnes portent-elles des matraques ? Au milieu du tohu-bohu, par cynisme, je désigne un individus en criant : "Là, là, attention, il est armé… regardez, il porte une matraque"… l’une des personnes faisant partie de cette milice me répond : "Il fait partis du service d’ordre". Ainsi, ces personnes, armées de matraques, trouvent légitimes de collaborer avec la répression policière qui leur accorde le port d’armes… et ne comprennent pas des jeunes qui sont démunis de bien plus de Droits qu’eux. Alors que nous devrions tous appeler à nous unir, ce service du désordre participe à une division qui fait probablement le bonheur de la police. Ces personnes qui ont la chance d’avoir un emploi, d’avoir un avenir… se battront-elles un jour avec ceux qui en sont démunis ? "Mais que fait la police" s’indigne un jeune… je ne peut m’empêcher de lui répondre que lorsqu’on a besoin d’eux, ils ne sont pas là, alors que quand nous ne voudrions pas les voir, les voilà. La plupart des jeunes ne cèdent pas à la provocation de la milice et appellent à laisser ces abrutis armés de matraques dans leur connerie. Ils font preuve d’une intelligence dont la milice du désordre ferait bien de s’inspirer. Le face à face dure tout au plus un quart d’heure. Après cela, la milice s’éclipse. Elle laisse la place à ceux qui luttent pour une cause si forte qu’elle n’admet aucun compromis, et encore moins la collaboration avec les services de répression.

Cela dit, il me semble que nous ferions une erreur en pensant que les évènements que je relate révèleraient l’état d’esprit des syndiqués… tout autant qu’il s’agit d’une erreur de penser que ce qui s’est passé aux Invalides révèlerait l’état d’esprit des jeunes de banlieue. Les préjugés, la peur, l’enfermement sur soi-même… voilà ce qui doit être combattus… et cela ne peut se faire qu’en communiquant, qu’en échangeant des points de vue, qu’en s’armant de courage pour dépasser les peurs qui dressent des barrières invisibles entre les individus.
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Mayrik
Bavard
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MessageSujet: Re: Témoignage de la manifestation du 28 mars à Paris   Témoignage de la manifestation du 28 mars à Paris EmptyVen 31 Mar à 19:33

Après cela, je me dirige à l’opposé de la place. Près de l’entrée du métro, a lieu une confrontation entre quelques jeunes. Certains y participent… d’autres essaient de calmer les esprits en rappelant le vrai motif de notre présence sur cette place. Cette confrontation ne dure pas longtemps. D’ailleurs, contrairement à ce qu’ont laissé croire certains médias, ce type d’affrontement fut très rare… durant toute la manifestation, je ne fus témoin que de celui-là.

Cet évènement passé, je me résous à escalader le socle du monument, où se tiennent déjà de nombreux manifestants. De là, je peux voir les affrontements entre des jeunes excédés et les CRS. Les plus durs de ces confrontations eurent lieux devant la rue du Faubourg du Temple. En haut de l’immeuble de gauche, faisant l’angle entre la place et la rue du Faubourg du Temple, j’aperçois plusieurs personnes, appartenant sans aucun doute aux services de renseignement. L’un d’eux utilise un appareil photo équipé d’un téléobjectif. En bas, plusieurs objets volent : des bouteilles, 2 ou 3 parapluie, un vélo, un casque, des bombe à peinture… sur les rangs de CRS. Détail amusant, après le jet de l’une des bombes à peinture, l’un des CRS se retrouve avec des bottes rouges…

Les arrestations, contrairement à ce que j’ai entendu le lendemain sur France 2, ne se font pas à tour de bras, mais sont très sporadiques… et souvent accomplies par des policiers en civil dissimulés dans la foule. L’un d’eux, habillé d’un bonnet et d’un foulard qui ne laisse entrevoir que ses yeux, vêtements type militaire, faisant face aux CRS avec beaucoup de jeunes, se fait démasquer. "Tu t’es dévoilé" crie un jeune. Des huées s’élèvent contre cette personne qui a à la fois l’attitude et l’habit des "casseurs" tel qu’ils sont présentés par les médias. Il n’est victime d’aucune violence et se faufile vers un autre endroit de la manifestation plus proche de la rue du Faubourg du Temple, à l’abri du regard de ceux qui viennent de le démasquer. Il me faut en avoir le cœur net. Je ne sais pas si cet homme est réellement un policier ou s’il s’agit d’un insurgé. Mes doutes ne durent guère. Moins de cinq minutes plus tard, je le vois conduire derrière le rang des CRS, avec plusieurs collègues à lui, un manifestant qu’il viennent d’appréhender.

Jusqu’à cet évènement, j’avais des doutes quand à la présence de policiers déguisés en "casseurs". S’agissait-il d’une propagande pour couvrir les actes de malveillance de plusieurs manifestants ? Je ne savais pas. Maintenant, ayant été témoin, je n’ai plus aucun doute. C’est un fait.

Cet affrontement, devant la rue du Faubourg du Temple, ponctuée par la charge des CRS qui reviennent obstruer la rue après chacune d’elles, permet aux très nombreux photographes, agglutinés à cet endroit, de remplir leurs pellicules. Pendant ce temps, les CRS qui bloquaient le boulevard Saint Martin et le boulevard de Magenta avancent, sans se faire remarquer, en ligne, presque jusqu’au niveau du monument de la République.

La foule continue à arriver, toujours massivement, depuis le Boulevard du Temple. Mais au lieu de cheminer jusqu’à la rue Beaurepaire, premier lieu de dispersion, elle est maintenant déviée vers le boulevard Voltaire. Dommage… vu le nombre, nous aurions pu très largement occuper, avec une petite fraction de l’ensemble des manifestants, la place de la République. Nous aurions pu, sans la présence des CRS, tenir un meeting géant ou la parole aurait pus être donnée à tous, sans violence. Comme pour la manifestation du 16 mars, qui a finit dans un cul de sac fermé par les CRS, il était évident qu’encore une fois la situation allait dégénérer. Leur présence provocatrice ne nous permit aucune concertation de masse pendant laquelle nous aurions pus "faire le point" dans un lieu hautement symbolique. Les CRS, au fur et à mesure de l’arrivée des manifestants, nous dispersèrent et usèrent d’une violence qui fit, à chaque charge, basculer un pacifiste dans le camp des insurgés.

L’une des personnes, occupant le socle du monument, nous apprend, après avoir reçu un coup de téléphone, que la queue du cortège n’est pas encore partis de la Place d’Italie. L’arrivée massive de manifestants qui dura encore de nombreuses heures authentifia cette information.

Tout à coup, je vois une dizaine de jeunes s’en prendre à des vitrines de magasins situées entre la rue du Temple et le boulevard du Temple. L’assaut dure deux ou trois minutes au maximum. Je fus donc très étonné, le lendemain, de revoir ces images sur France 2… images qui ne reflétèrent pas du tout les évènements qui se passèrent pendant plusieurs heures sur la Place de la République. A part cet évènement, je n’ai vu aucun autre assaut sur une vitrine de la place qui en compte pourtant un grand nombre.

Les charges et replis des CRS durent plusieurs heures… non pas contre des casseurs, mais contre des révoltés… légitimement insurgés. L’une des charges est accueillie par un grand nombre de bombe à peinture… ce qui recueille un enthousiasme général. "Police partout, justice nulle part" est le slogan le plus massivement crié.

Il ne fait pas encore nuit, lorsqu’un sit in s’organise devant la rue du Temple. Il s’agit de manifestants appelant à une action pacifique. Un jeune passe devant les CRS en déployant un drapeau multicolore, avec le mot "PACE" écrit dessus. Les clameurs résonnent. Les CRS commencent à sortir ceux qui sont assis, sans ménagement. Devant le nombre, entre cinquante et cent personnes, ils gazent massivement, et avancent pour faire dégager les jeunes. Malgré l’odeur suffocante des lacrymogènes, quelques manifestants reprennent la place en s’asseyant derrière le rang de CRS qui vient d’avancer. Alors que la nuit commence à tomber, la foule des manifestants continue à arriver massivement par le boulevard du Temple. Je vois, de loin, que des affrontements commencent à éclater devant le bâtiment séparant le boulevard Voltaire du boulevard du Temple. Des bombes lacrymogènes enfument complètement cette partie de la place. Au lieu de se laisser guider vers le boulevard Voltaire, une partie des manifestant se dirigent vers l’endroit où sont assis les militants pacifiques. Cette avancée fait reculer les CRS qui laissent en place ceux qui sont assis. Certains crient "Victoire". Malheureusement, ce n’est qu’une bataille qui vient d’être gagnée. En effet, le canon à eau avance et commence à arroser ceux qui sont assis. Le sang me monte. J’hésite à descendre pour laisser exploser ma colère contre cette répression violente à l’égard de militants pacifiques. Je me décide cependant à rester sur le monument quand je vois que de nombreux jeunes fustigent les jets d’eau en mimant une douche… ce qui fait rire beaucoup d’entre nous. Mais la force des jets étant trop forte, les manifestants reculent. Le camion avance, en même temps que les CRS faisant front de part et d’autre du véhicule. La manœuvre de kashérisation continue. Un jeune marchant avec une béquille se fait éjecter à plusieurs mètres, sur le bitume.

Après cela, la plupart de ceux qui occupent le socle du monument de la République préférèrent descendre pour ne pas être la cible des violences des CRS. Nous restons à deux sur le monument, refusant de nous soumettre aux injonctions des policiers qui nous demandent de descendre. Il fait nuit et l’ensemble du cortège est passé… les manifestants ont été dispersés et repoussés par la force. La force vient de vaincre la Liberté. Occasion manquée ? Ce n’est pas grave… nous aurons d’autres temps fort pour reprendre une souveraineté qui nous a échappé… qui nous fut confisquée.

Considérant le groupe de trente à cinquante policiers en civil rassemblés devant la rue du Temple, je me décide de ne descendre que lorsqu’ils seront partis. Le dernier mot doit appartenir aux citoyens, et non à la répression. Le temps passe, puis quelques policiers viennent pour nous demander de descendre. Refus catégorique. La menace d’employer le canon à eau ne m’inquiète pas du tout. Deux d’entre eux escaladent le monument, pensant probablement nous convaincre plus facilement de près. "Descendez pendant qu’on vous le demande amicalement". Refus catégorique. Il me demande "pourquoi". Je lui récite alors le préambule de notre Constitution puis lui demande s’il connaît l’article 16 de la "Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen". Il me répond "oui" et me demande à son tour si je connais l’article interdisant de dégrader un monument historique… mais l’article 16 de la "Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen" rend vaine l’évocation d’un quelconque article du code pénal. De plus, concernant la République, je pense que Sarkozy et compagnie lui font bien plus de mal que nous qui ne faisons que marcher sur le socle du monument la symbolisant.

A propos de Sarkozy, je pense que ce sombre personnage aurait tort de se réjouir trop tôt de la chute évidente de Villepin… car lui et Chirac sont aussi à l’origine de notre courroux… et bien d’autre également. Il faut ne pas avoir assisté aux manifestations, ne pas avoir entendu les très nombreux "Chirac, Villepin, Sarkozy… votre période d’essai… elle est fini", pour ne pas s’en rendre compte.

Je suis conforté dans ma décision de ne pas descendre du monument par le fait qu’en haut de celui-ci, dont nous occupons le socle avec mon camarade, se trouve la statue de la République, s’appuyant de la main gauche sur une table de loi sur laquelle est gravée "DROITS DE L’HOMME". Droits de l’Homme dont je ne défends pas la lettre, mais l’esprit… Droits de l’Homme chaque jour méprisés un peu plus par nos politiques. Le policier me dit qu’à ma place il descendrait. Je lui réponds qu’à sa place je me demanderais si je devrais démissionner.

En effet, je ne crois pas que tous les policiers soient des fascistes. Je pense que beaucoup d’entre eux se sont engagés pour défendre les grandes valeurs de la République… la Liberté, l’Egalité, la Fraternité... Ainsi j’en appel à ceux qui font ce métier avec conviction pour leur demander de déposer leur démission… pour ne plus répondre aux ordres fascisant d’un pouvoir qui ne défend plus l’intérêt commun… un pouvoir qui défend les intérêts financiers d’une minorité… minorité qui utilise le bras armé de la République… contre la République. Il me demande : "c’est votre dernier mot". Je suis plus convaincu que jamais. J’avais déjà du mal à me résoudre à descendre de mon plein grès… alors sous la menace… il n’en est pas question. Les deux policiers descendent, puis, quelques minutes après, un de leur collègue pointe sa tête et repose la question… même réponse : "non". Il dirige alors une bombe lacrymogène sur nous et nous asperge… je prend à temps mon sac et contourne rapidement le monument pour n’être atteint qu’aux vêtements. Nous nous retrouvons, avec mon camarade, hors de vue, hors de portée, toujours sur le socle du monument, face à la rue du Faubourg du Temple.

A ce moment, je vois un évènement qui m’avait échappé… étant masqué par la colonne du monument. Contre le mur se situant entre la rue du Faubourg du Temple et l’Avenue de la République sont encerclés, par un cordon de CRS, près de 200 manifestants. Un petit groupe, d’à peine dix personnes, est escorté en dehors de cette nacelle, puis remis en liberté… S’agit-il de policiers en civil ? Je n’en ai aucune idée. Après cela, commence un manège qui dure assez longtemps. Un groupe de 3 ou 4 CRS rentre dans la masse des manifestants, en attrapent un, et l’emmène dans l’un des nombreux car de police alors sur place. Au dehors de ce cercle de CRS, sur la Place, se trouve un petit groupe de 30 à 40 personnes qui soutiennent les manifestants en scandant : "Libérez nos camarades… Libérez nos camarades". L’opération dure jusqu’à ce qu’il n’y est plus aucun manifestant. Voilà comment la police grossie le chiffre de ses arrestations. Comment s’en étonner… Sarkozy donne plus d’importance à la quantité qu’à la qualité. Après avoir été témoin de la rafle de République, nous redescendons du monument… les policiers en civil sont partis. Je rejoins alors le groupe de soutien et fais quelques signes de solidarité à ceux qui sont emmenés par les cars. Il est près de minuit quand les véhicules de la propreté de Paris remplacent les véhicules de police très nombreux jusque-là. Encore une fois, l’ordre s’est fait par la force… comme n’importe quel régime fasciste digne de ce nom.

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Mayrik
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