OPA de Mittal Steel contre Arcelor: le revers de l'utra-libéralisme - Citation :
Arcelor : «Nous sommes prêts à résister»
Guy Dollé, le PDG du groupe sidérurgique européen, a fait preuve de fermeté lundi en affirmant qu'il allait «gagner la bataille engagée» contre l'OPA hostile du numéro un mondial, l'indien Mittal Steel • Le ministre de l'économie Thierry Breton a lui estimé «qu'il n'y avait aucun projet industriel sur la table» •
par Herve NATHAN
LIBERATION : lundi 30 janvier 2006
Ca m'a fait beaucoup rire d'entendre les membres de notre gouvernement s'indigner que Mittal Steel lance une OPA hostile sur Arcelor. Ces mêmes membres du gouvernement qui prônent une libéralisation totale des échanges commerciaux mondiaux sont enfin pris à leur propre piège sous nos yeux ébahis!
Ceci prouve les limites de ce système. Le libéralisme sans limites clairement définies, appelé par l'extrême gauche "libéralisme sauvage" ou "ultralibéralisme", est un danger pour un pays comme la France et les autres pays de l'Union qui ont des règles sociales bien plus avancées que bien des pays du monde. Le commerce mondial s'en retrouve complètement déséquilibré. Forcément des pays qui autorisent le travail des enfants, ou le travail de 60 ou 80 heures par semaine peuvent vendre des produits moins chers que ceux qui comme nous qui jouissons d'un confort social bien supérieur.
Bien sûr à court terme cela intéresse certaines entreprises auxquelles il est offert la possibilité de délocaliser dans ces pays sans lois sociales pour produire en détournant la loi du travail telle qu'elle est dans notre pays et être compétitifs.
Mais lorsqu'on réfléchit bien, à long terme la partie est perdue d'avance sauf si on supprime nos lois sociales et qu'on recommence à bosser comme on le faisait au XIXe siècle avant toutes nos chères révolutions dans le monde du travail. Franchement, ça ne donne pas envie.
Moi je suis plutôt pour un véritable contrôle des produits distribués en Europe, une vraie traçabilité (pour employer les termes à la mode). Sans sombrer dans le protectionnisme forcené on pourrait contrôler que les produits qui entrent en Europe aient été produits dans des conditions de travail acceptables pour les travailleurs. Cela remettrait un peu les pendules à l'heure et forcerait les gouvernements à créer des lois sociales pour pouvoir exporter vers l'Europe. De plus l'emploi en France ne s'en porterait que mieux.
Je sais que beaucoup vont penser que ce serait une mesure radicale de gauche voire d'extrême gauche mais je ne suis pas d'accord là-dessus. Les Etats Unis pays libéral par définition pratiquent le protectionnisme à tout va. Essayer d'exporter un produit vers les Etats Unis et vous comprendrez votre douleur. La seule différence c'est que le protectionnisme américain est fait sur des bases strictement économiques (équilibres financiers au sein du pays) tandis que celui que je propose est plutôt basé sur l'éthique du travail.
Etre libéral ne veut pas forcément dire vouloir exploiter les êtres humains pour faire du profit sur leur dos. On peut pratiquer un libéralisme intelligent et respectueux du travail des ouvriers.