Vers un Smic européen ?

Voilà ce que je viens de lire sur internet :

Citation :

La Direction des relations du travail de l'Union européenne se penche actuellement sur l'idée de créer un salaire minimum européen. Avec un niveau de vie propre à chaque État-membre, fixer un montant unique semble très difficile : trop bas, il pourrait rester sans effet, trop haut, augmenter les tensions inflationnistes. La voie la plus adaptée semblerait donc un Smic proportionnel au pouvoir d'achat de chaque État-membre, ce qui pourrait limiter les phénomènes de « dumping social » constatés actuellement.

Voilà enfin une bonne initiative de l'UE. Autant j'étais pour le traité constitutionnel parce qu'il faisait avancer l'Europe au niveau politique, parce qu'il contenait une réforme efficace des institutions et que son échec signifie la victoire des extrêmes, autant il me semble que les individus qui composent actuellement l'Europe ne font vraiment rien de bon.

Je vais donner un ou deux exemple : d'abord, celui que j'ai déjà donné sur le forum de la directive sur une plus grande souplesse quant aux règlementations sur la publicité (en gros : plus de pub, comme si on en avait pas déjà assez !). Ensuite (et certains d'entre vous en aurons certainement entendu parler) : l'affaire de la directive sur la libéralisation portuaire. Près de 5 000 personnes travaillant dans des ports européens sont venus manifester devant le Parlement européen à Strasbourg (et pourtant, c'est pas tout les jours qu'on les voit manifester les travailleurs des services portuaires, donc pour en réunir 5 000, faut vraiment les mettre en colère) contre le projet de libéralisation des ports européens. Devant cette mobilisation, le Parlement a voté à une très large majorité contre ce projet. Mais la veille du vote, des CRS ont été chaleureusement envoyés disperser les grèvistes. A quoi ca rime d'envoyer les CRS casser la gueule des dookers, si c'est pour refuser le projet si controversé le lendemain ? C'est sûr que les gens vont se sentir proches de l'Europe avec des réaction pareilles... De plus, un projet du même type avait été proposée et déjà refusée au Parlement européen, et nos ports étant déjà très compétitifs, je ne comprend pas l'utilité de réformer leur statut. Aucune étude n'a été faite par la Commission sur l'utilité ou non d'une libéralisation du service portuaire.

Comme je l'ai écrit plus haut, autant j'aprouvais la Constitution, autant je trouve qu'il règne dans l'Union une ambiance puante de démagogie et désintéressée des intérêts et revendications des citoyens.

C'est pourquoi, lorsque des rares bonnes initiatives y sont faites, tels que des directives sur l'écologie, la tentative d'instaurer un temps maximum de travail en Europe (à 48 heures hebdomadaires), ou lorsqu'on pense à instaurer un SMIC européen, faut vraiment les retenir.

Il en est de même pour la construction européenne ? Où en est la Constitution ? Le Président de la Commission déclare en septembre qu'il n'y aura pas de Constitution à court et à moyen terme, et le Président autrichien (qui est président en exercice de l'union) déclare en janvier que le traité n'est pas mort et qu'il veut relancer le projet. La commission et les chefs d'Etat et de gouvernement avait prévu au sommet de juillet (au moment de la crise sur le budget) de freiner les ratifications et de lancer un plan D (D comme débat, dialogue et discussion) : ce plan D était constituer, en gros, d'une année de réflexion au cours de laquelle les Etats de l'UE devait informer leurs citoyens et organiser un débat sur l'avenir de l'Europe. Outre le fait que depuis le 29 ai, on ne parle plus du tout de l'Europe en France, je pose la question : est-ce qu'on rattrappe, en une année, des décennies de sous-information des citoyens et de démagogie politique ? Non, bien sûr, il faut faire un travail d'information sur des années, et non sur quelques mois. L'Europe est un projet ambitieux, mais aussi complexe, ça vaut donc le coup de prendre le temps d'en expliquer le projet aux peuples (par le biais des médias, de l'école, de projets communs, etc.).

Seulement, l'Europe semble manquer cruellement d'ambition, et faut-il attendre de grandes initiatives dans les prochaines années de l'Europe et de ses dirigeants (élus par le peuple, directement ou indirectement) ?
Je pense qu'il est important que le MLC aie un projet européen très complet. Je soumettrais des propositions à cet effet, sous peu.

Voilà à nouveau une bonne initiative de l'UE : on envisagerait une politique énergétique commune.
Il faut rappeler qu'au début des années 50, c'est par un rapprochement dans le secteur de l'énergie que les bases de l'Union européenne furent jetées. Pourtant, plus d'un demi-siècle après, l'Europe n'a toujours pas de politique énergétique commune. Aujourd'hui, il en est question. Et pour 47% des Européens, c'est une bonne chose, révèle un sondage Eurobaromètre. Ils sont 10% de moins à privilégier l'échelon national, et 8% seulement à préférer le niveau local.

C'est poussés par la crise russo-ukrainienne et la flambée des prix que les Européens ont commencé à explorer des pistes pour réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis des pays tiers. La France a présenté un plan d'action pour une politique commune, la Pologne entend faire de même, et la Commission européenne fera sa propre proposition en mars.

Par ordre de préférence, voici les solutions sur lesquelles les Européens veulent miser : le solaire, la recherche pour de nouveaux types d'énergie, les éoliennes, la contrainte légale pour réduire la dépendance, et en dernier lieu le nucléaire.
Ce qui est clair, c'est que la Commission européenne n'imposera et n'interdira pas à tel Etat-membre d'utiliser tel type d'énergie et pas tel autre. On parle plutôt de lancer un débat public sur le sujet.
Dans son mémorandum, la France met en avant le nucléaire, dont elle tire 78% de son électricité. L'atome a certes l'avantage de ne pas être sensible aux fluctuations de prix, mais les pays européens sont très partagés sur son usage. Certains comme le Royaume-Uni envisagent la construction de nouvelles centrales, d'autres comme le Danemark n'en ont jamais voulu sur leur sol.

Je reste dubitatif quant à cette idée de créer un SMIC Européen : comment mettre une telle mesure en place, avec de telles disparités de salaires entre les différents pays membres de l'Union Européenne ?

Créer un SMIC européen serait une mesure forte, rapprochant les citoyens de l'europe, rompant avec l'idée que l'europe est synonyme de recul social.

Jérôme a écrit :

Citation :

comment mettre une telle mesure en place, avec de telles disparités de salaires entre les différents pays membres de l'Union Européenne ?

Tout d'abord, il y a l'idée précédente d'un SMIC proportionnel au niveau de vie de chaque pays.
Ensuite cela ne peut pas se faire en un jour.
L'europe est capable de se fixer des objectifs à long terme (Maastrich 1992 - euro 2002) dans certains domaines, pourquoi ne pas fixer des critères de convergence sociale ? Avec un délai de 10 ans, on ne ruinerai pas l'économie, et on atténurai les pratiques de dumping social.
Il s'agit avant tout de volonté politique, et pour l'instant elle n'y est pas.

Alain y a déjà bien répondu, mais je le fais tout de même.

Jérôme a écrit :

Citation :

Je reste dubitatif quant à cette idée de créer un SMIC Européen : comment mettre une telle mesure en place, avec de telles disparités de salaires entre les différents pays membres de l'Union Européenne ?

Jérôme, pourrais-tu ne pas te contenter de lire le titre du topic, mais aussi son contenu ? Si tu l'avais fait, tu aurais lu ceci en citation (c'est la première chose du topic) :

Citation :

La Direction des relations du travail de l'Union européenne se penche actuellement sur l'idée de créer un salaire minimum européen. Avec un niveau de vie propre à chaque État-membre, fixer un montant unique semble très difficile : trop bas, il pourrait rester sans effet, trop haut, augmenter les tensions inflationnistes. La voie la plus adaptée semblerait donc un Smic proportionnel au pouvoir d'achat de chaque État-membre, ce qui pourrait limiter les phénomènes de « dumping social » constatés actuellement.

Qu'est-ce qui n'est pas assez clair ? C'est "Smic proportionnel au pouvoir d'achat de chaque Etat-membre" ?

D'autre part, si l'on considère que cela représente des risques, on peut le faire progressivement (comme l'a suggéré, me semble-t-il, Alain) : par exemple, en commençant par l'Europe des six, ou par les pays de la zone euro, puis en élargissant ce SMIC européen aux autres Etats, de façon progressive et au regard de leur développement économique et social. L'objectif social (inicial) de l'Europe est l'harmonisation des niveaux de vie par le haut, et comme l'ont montré l'Espagne et l'Irlande notamment, l'Europe favorise l'enrichissement et le développement de ses Etats-membres ; je ne doute donc pas que d'ici une cinquantaine d'année au plus, tous les pays de l'Union pourront adopter le même "SMIC". Le tout est de travailler de façon progressive et pragmatique. L'Europe se fait par étapes assez lentes.

D'accord, j'avais en effet mal lu et je m'en excuse. Dans ces conditions, je pense effectivement que le SMIC européen est une bonne idée.

Le truc, c'est qu'il va falloir le faire par le haut le SMIC europée, parce que je vois mal les Français consentir à abandonner une partie de leur pouvoir d'achat pour la cause communautaire (ce que je comprend, vaut mieux harmoniser par le haut que par le bas).